Dossiers > Vélos électriquesRIESE & MÜLLER Roadster HS 2017 pour vélotaf
10 ans après un premier post, je reviens faire part de l'évolution de ma démarche d'utilisateur de VAE. (cf article précédent sur le Cybien vélox).
Le Cybien Vélox, après toutes ces années de bons et loyaux services commence à fatiguer et je dois dire que ces trois dernières années ont vu ma motivation baisser pour une utilisation régulière.
Quelques raisons à cela :
- La batterie vieillissante de plus en plus sensible aux conditions climatiques, le froid en particulier, avec des coupures d'assistance régulières dans les montées ou les relances.
- Je me suis mis à la course à pied il y a 3 ans, faire les deux en même temps devenait physiquement difficile à un rythme pluri-hebdomadaire.
- Les inconvénients du Vélox devenaient de plus en plus sensibles pour un trajet de maintenant 18 km aller, à savoir pas de garde-boue, pas de porte-+bagage, des roues fines, pas de suspension et un effort de 40 à 45 mn en moyenne à l'aller et au retour.
- La fermeture de l'entreprise Cybien (sa non reprise ?) empêchant toute amélioration ultérieure. L’atelier était loin de chez moi mais je me déplaçais de temps en temps sur Rennes pour voir ma famille ce qui permettait d'assurer la maintenance du vélo pour la partie électronique et réglages spécifiques. J'en ai eu très peu besoin d'ailleurs.
A l'époque le Cybien était un des meilleurs vélos sur le marché pour mon besoin, le choix était encore assez limité. Je m'étais fixé sur ce modèle à la grande autonomie et à l'utilisation sportive. Il a entièrement rempli ses fonctions.
Depuis les choses ont changé. Si les speed-bike avaient existé à l'époque j'aurais sans doute choisi cette option.
Aujourd'hui c'est fait. De nombreuses marques proposent des variantes de leur VAE en mode 45 km/h. Le marché du VAE a explosé, les modèles se sont "lissés" vers des catégories bien définies selon l'usage du vélo. Les systèmes d’assistance se concentrent sur quelques marques pour les moteurs et les batteries (Bosch, Yamaha, ...). Le choix, s'il était difficile il y a dix ans, par manque de recul, est maintenant difficile par excès de modèles.
J'ai un peu fait le tour et je suis passé à l'acte ce début d'année.
Les années de vélotaf m'ont permis d'affiner mes critères qui sont ceux d'un vélotafeur lambda finalement :
- Pouvoir rouler tous les jours, toute l'année (sauf peut-être vigilance météo orange ou rouge...mais même en voiture, dans ces conditions, certains automobilistes ne roulent pas).
- Rester sec au maximum donc gardes-boue obligatoires, porte-bagage pour pouvoir installer des sacoches étanches; ne plus avoir besoin de porter un sac à dos qui fait transpirer.
- Ne pas avoir besoin de prendre de douche en arrivant.
- Produire un effort modéré compatible avec la poursuite de la course à pied.
- Réduire le temps de trajet autour de la demi-heure.
- Eclairage actif puissant.
- Pouvoir recharger la batterie indépendamment du vélo, au chaud, l'hiver en particulier car si elle charge à froid, son autonomie en sera réduite et réduira encore en roulant à basse température l'hiver.
- Etre à proximité du revendeur ou de l'atelier de réparation.
J'avais porté mon choix sur le Riese et Müller Cruiser Nuvinci HS et le Haibike XDuro Trekking HS parmi d'autres modèles tout aussi intéressants les uns que les autres (dont les français Moustache, Matra...)
Cruiser Nuvinci HS :
Haibike XDuro Trekking S 9.0:
Moustache Samedi 28 Speed :
En me déplaçant près de chez moi à Roule Energie (Aubigny - Vendée), magasin spécialisé dans les VAE, le vendeur m'a proposé un modèle proche du Cruiser que je n'avais pas remarqué dans mes recherches.
C'est le modèle Roadster HS qui en fait correspond encore mieux à ce que je cherchais. Je ne l'avais pas remarqué sans doute parce que c'est un modèle plus discret que les autres, moins tendance, plus classique. Il ressemble vraiment à un vélo à part ses pneus 622/40 qui sont un peu plus gros.
J'ai donc sauté le pas et je l'ai réceptionné tout récemment.
Le voilà :
Il faut savoir cependant, et c'est important, que du point de vue de la loi on change de catégorie. Ce vélo malgré ses 22 kg et sa ressemblance exacte aux modèles 25 km/h est considéré comme un cyclomoteur.
Cela veut dire :
- plaque d'immatriculation, carte grise et carte verte (assurance cyclomoteur) obligatoires.
- port d'un casque homologué cyclomoteur (et autant dire que le choix est très restreint).
- interdiction d'emprunter les voies cyclables.
Quelques spécificités : la grosse plaque (qui du coup augmente la visibilité) et l'éclairage toujours actif quand le systême électrique est allumé, la béquille automatique (super pratique) et le rétroviseur gauche obligatoire (mais pas l'avertisseur !...) :
Cela augmente les contraintes et le budget mais si on compare au prix d'une voiture et ses effets négatifs en terme de santé, d'environnement, on reste largement gagnants, parce que ce vélo est destiné à remplacer une voiture ou un deux-roues motorisé pour me rendre au travail.
Venons-en au premiers tests.
Si lors de mon premier achat j'avais attendu 500 km avant de faire un compte-rendu, là je suis tellement enthousiaste que je ne résiste pas plus longtemps.
Je ne rentrerais pas trop dans les détails techniques du vélo, au final c'est le résultat qui compte. Le vélo est extrêmement confortable grâce aux gros pneus (qui restent de taille raisonnable cependant, ce n'est pas une mobylette) et à la fourche avant. La conduite est de type sportive, le vélo est réactif mais il faut tenir compte de la vitesse inhabituelle de l'engin qui augmente les temps de freinage en cas d'obstacle. Sur le plat on tient le 43 km/h sans problème, l'assistance diminue progressivement à l'approche des 45 km/h laissant place aux jambes du cycliste. Il devient difficile de les dépasser en raison des contraintes physiques (vent relatif, frottements), les lois de la physique empêchent tout miracle de se produire. Dans les descentes si on appuie bien, l'assistance s'efface au profit du cycliste, là on dépasse les 45 km/h sans problème. Dans les côtes la vitesse tourne autour des 30 km/h. On avale les bosses sans difficultés, sans fatigue. Tout cela est très fluide.
Le temps de trajet est contre le vent 33 minutes et vent dans le dos 29 mn pour 18 km sur sensiblement le même trajet qu'avant (cf mon premier article) sauf que je passe maintenant par la route.
Question autonomie, je fais l'aller-retour avec une charge en mode "turbo"sur la quasi totalité du parcours. Dans les zones 30 en ville je diminue l'assistance en mode "sport" ou "tour". Reste le mode "éco" que je n'ai pas utilisé. Il reste encore deux barres de charge sur 5 à la batterie et la console me donne encore 7 km d'autonomie en mode turbo. Si je passe sur les autres modes, l'autonomie va augmenter de façon importante
Question fatigue, rien à dire, c'est comme si j'avais fait 30 mn de marche rapide. La douche est optionnelle à l'arrivée. Testé aussi par température glaciale le 28 février (- 7°C) la température n'a été que peu affectée (il restait 6 km d'autonomie à l'arrivée). Je prévois quand même l'achat d'une protection en néoprène pour la batterie pour l'hiver prochain.
La recharge se fait en 4 à 5 heures environ, soit directement sur le vélo, soit batterie à part.
Tout est bien conçu sur le vélo, bien pensé, on sent la "Deutsche Qualität."
Reste à voir sur la durée mais je ne suis pas trop inquiet.
Les témoins de charge sur la batterie pleine. Le petit bouton permet de vérifier la charge de la batterie même déconnectée du cycle :
Autonomie théorique en mode turbo batterie pleine sur la console de contrôle; cette console peut se retirer comme la batterie. Impossible d'utiliser l'assistance sans elle:
Autonomie théorique en mode éco (équivalent au mode VAE classique).
Le gros pneu en 40/622 (plus petits cependant que les Schwalbe Big Ben qui équipent certains Speed-Bikes) et le systême antivol Abus "de série":
9 vitesses sur le Roadster avec des plateaux à l'arrière. Pas de grands plateaux à l'avant donc une gestion des vitesses plus facile. Il faut juste cesser le pédalage une ou deux secondes au moment des changements de vitesse :
Pour l'équipement je me suis procuré un casque JAVA de chez Kali Protectives homologué 45 km/h. J'avais commandé dans un premier temps, chez UltimeBike, un casque MET GRANCORSO homologué 45 km/h :
Vu le flou artistique de la réglementation, je l'ai présenté en gendarmerie et comme le casque ressemblait trop à un casque de vélo le gendarme m'a répondu qu'il me verbaliserait avec un casque pareil. Je l'ai échangé au magasin de Nantes contre le casque Kali mais je ressemble à un playmobil avec ce truc, très sécurisant par contre et bien chaud même par - 7°C.
Pour le MET l'homologation répondait à une norme (NTA) valable en Allemagne et en Belgique (je n'ai pas pu savoir si la norme était valable en France) tandis que le KALI répond à la norme européenne requise (EN2205).
J'ai pu fixer dessus ma frontale de trail à l'avant et mon vieux feu à LED Cateye presque comme neuf dix ans après pour mieux me signaler aux automobilistes. L'éclairage du Roadster est un peu faiblard en plaine campagne. Aucun souci en ville mais dans la nuit noire et avec la vitesse élevée du vélo il vaut mieux prévenir que guérir. Ma frontale est de marque Petzl. C'est le modèle Actik Core de 350 lumens. On peut la fixer sur le casque avec un petit kit vendu par Petzl (Kit Adapt). Je dirais que 300 lumens sont un minimum de complément à apporter pour la sécurité nocturne. La position de la lampe sur le casque permet d'éclairer où le regard porte et de fixer, éventuellement, un autre usager de la route pour capter son attention plus vite. Les modes flash de certains éclairages d'appoint sont particulièrement efficaces dans ces conditions. L'Actik Core ne possède malheureusement pas ce mode mais son rapport puissance/légèreté compense ce manque.
J'ai échangé ma vieille veste soft-shell noire et son gilet orange haute visibilité, tous les deux bien fatigués, contre une soft-shell haute visibilité (Oxwork). Alors oui ça fait peut-être un peu "trop" mais en roulant de nuit la moité de mes trajets, je trouve qu'on allie bien confort et visibilité.
Enfin j'ai rajouté une paire de sacoches étanches, indispensables pour le vélotaf et transféré mon klaxon Airzound sur le vélo. D'ailleurs l'absence de klaxon sur les Speed-Bikes est une vraie carence de la réglementation et des constructeurs. Qui plus est ce n'est pas une petite clochette qui fera l'affaire.
Le vélo, sans batterie, équipé de sacoches (marque Vaude)
Petit aparté sur la réglementation :
La règlementation n'est pas adaptée pour ces engins. On se retrouve à devoir respecter des règles qui sont faites pour des engins motorisés. Les grosses différences sont : le poids et le mode de propulsion. Les VAE pèsent moins de 25 kg. La moindre mobylette va peser le double et c'est plus du triple pour un petit scooter. L'énergie cinétique en cas de choc est bien moindre pour un VAE. Il faut pédaler pour avancer et la vitesse de 45 km/h n'est pas une vitesse moyenne, on est plutôt à 35 km/h contrairement à un scooter qui sera toujours à 45 km/h. Les automobilistes vous voient pédaler et bien sûr, certains ne comprennent pas, malgré l'immatriculation, que vous ne pouvez pas rouler sur les pistes cyclables donc vous vous faites klaxonner voire insulter. Et si vous roulez sur la piste cyclable vous risquez une amende conséquente. Mais sur la piste cyclable on peut adapter facilement sa vitesse, réduire l'assistance s'il y a du monde pour se caler à la vitesse des autres usagers cyclistes, on peut même couper le moteur pour rouler comme un simple vélo.
Pour le casque c'est pareil, le législateur qui ne doit pas souvent faire de vélo a oublié que quand on pédale on transpire, de la tête. Ces gros casques à la norme requises sont de vraies étuves. Pour l'instant ça va avec le froid mais cet été... En y pensant un peu je crois que l'état n'a même pas réfléchi aux différences fondamentales et qu'il a simplement collé une réglementation par défaut, celle des vélomoteurs. J'en mettrai ma main au feu !
Les allemands, belges et hollandais ont adopté une réglementation spécifique pour les "S-Pedelec", c'est le nom qu'ils donnent aux VAE à 45km/h. Ils ont une norme (NTA) pour des casques adaptés, renforcés mais suffisamment allégés et aérés pour le vélo et ils autorisent le passage par les pistes cyclables. Le paradoxe est qu'en France les vélomobiles, plus lourds, plus rapides, peuvent eux rouler sur les pistes cyclables...et grand bien leur fasse ma foi.
Si quelqu'un a une idée pour faire évoluer cette sacrée réglementation...
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